Retraite : le fonctionnement du plan d’épargne
En plein débat sur la réforme des retraites souhaitée par le gouvernement, de nombreux salariés auront la possibilité, ces prochaines semaines, d’affecter leurs primes d’intéressement et de participation au nouveau Plan d’épargne retraite (PER). Explications sur ce dispositif d’épargne salariale encore méconnu.
Tandis que 4,3 millions de Français étaient détenteurs d’un plan d’épargne retraite individuel (PERIN) à fin septembre 2021, le PER a continué sa progression dans les entreprises. L’ensemble des produits d’épargne retraite collectifs (PERCO et nouveau PER collectif) bénéficie à près de 3,4 millions de porteurs de parts dans plus de 189 000 entreprises selon les derniers chiffres publiés par l’AFG-Asso.
Plan d’épargne retraite collectif
Issu de la loi Pacte, le plan d’épargne retraite Collectif « PER collectif » a vocation à remplacer le PERCO. Les entreprises ayant déjà un PERCO peuvent le conserver ou le transformer en PER collectif. Quant à celles qui n’avaient pas de PERCO, il n’est pas obligatoire qu’elles aient mis préalablement en place un Plan d’épargne entreprise (PEE) pour offrir un PER collectif à leurs salariés.
Le PER collectif, comme les autres supports d’épargne salariale, est destiné à recueillir les primes de participation et d’intéressement.
Faute de choix exprimé dans les 15 jours suivant son attribution, la participation est automatiquement bloquée. Si l’entreprise n’a pas mis en place de plan d’épargne retraite d’entreprise (un PERCO ou PER collectif selon le cas), la totalité des droits est versée sur le plan d’épargne entreprise et indisponible pendant au moins cinq ans. Dans le cas contraire, une moitié de la prime de participation est versée vers le plan d’épargne retraite (PERCO ou PER collectif) et bloquée jusqu’à la retraite et l’autre moitié est affectée au PEE. S’agissant de l’intéressement, la prime est versée par défaut sur le plan d’épargne entreprise et bloquée pendant cinq ans minimum.
Fiscalité et abondement
Mais les salariés peuvent parfaitement en décider autrement. Ils peuvent demander à percevoir immédiatement tout ou partie de leurs primes, les verser sur le PEE et/ou sur le PERCO ou le PER collectif ou encore opter pour un mix de ces formules.
Verser ses primes sur un plan d’épargne salariale permet de les défiscaliser. À défaut, elles sont imposables dans les mêmes conditions que les salaires.
Autre intérêt de leur affectation à un plan d’épargne salariale: cela peut déclencher le versement d’une aide supplémentaire de l’entreprise, appelée abondement, exonérée d’impôt sur le revenu. Son montant est plafonné au triple des versements des salariés sans pouvoir dépasser 3 519,36 € pour le PEE et 7 038,72 € pour le PERCO ou PER collectif en 2023. Si l’entreprise propose un abondement à la fois sur le PEE et sur le Plan d’épargne retraite (PERCO ou PER collectif), il peut être judicieux de répartir ses primes sur les deux supports, de manière à obtenir l’abondement maximum sur chacun d’eux.
En plus d’y verser ses primes, il est possible d’alimenter les plans d’épargne salariale par des versements volontaires et d’y transférer des droits inscrits sur un compte épargne temps (à l’exception de la 5e semaine de congés payés).
Transfert du PER
Le principal intérêt du PER collectif par rapport au PERCO est le régime fiscal des versements volon taires : ils sont déductibles du revenu imposable. La limite de déduction est la même que pour les versements effectués sur un PER individuel (voir ci-dessous). Soit 10 % des salaires ou revenus professionnels de 2022, nets de frais professionnels, avec un plancher de 4 113, 60 € et un plafond de 32 908,80 € pour les versements effectués en 2023 en cas de changement d’entreprise.
Autre nouveauté appréciable par rapport au PERCO : les salariés, qui quittent leur entreprise, peuvent transférer leur épargne dans le plan de leur nouvel employeur – ce qui était déjà le cas avec le PERCO – mais aussi sur un PER individuel.
Autrement dit, ils ne sont plus obligés, comme c’était le cas jusqu’à présent, de laisser leur épargne sur le plan de leur ancien employeur jusqu’à la retraite si leur nouvel employeur ne propose pas de PERCO ou de PER collectif. Ce transfert peut porter aussi bien sur des droits correspondant à des versements volon taires que sur des sommes issues de l’épargne salariale.
Plan d’épargne retraite individuel
Faute d’avoir accès à un Plan d’épargne retraite au sein de leur entreprise, les épargnants peuvent ouvrir un PER individuel auprès d’un établissement financier. Principal avantage de ce nouveau support par rapport aux PERP et aux contrats Madelin: comme avec un PERCO ou un PER collectif, il est possible d’opter à la sortie pour le versement d’une rente viagère ou de retirer un capital en une ou plusieurs fois, y compris pour les sommes transfé rées depuis un PERP ou un contrat Madelin. Jusqu’à présent, les droits acquis sur ces supports ne pouvaient donner lieu qu’à une sortie en rente viagère (sauf à opter avec le PERP pour une sortie partielle en capital mais à hauteur de 20 % de l’épargne accumulée).
La fiscalité de la sortie dépend de l’origine des versements – issus de l’épargne salariale, obligatoires ou volontaires – et du mode de sortie. Peu importe que le produit souscrit l’ait été à titre individuel ou collectif. Idem pour les cas de déblocage anticipé. Ils sont les mêmes pour les supports collectifs et individuels : acquisition de la résidence principale, décès du conjoint ou partenaire de Pacs, survenance d’une invalidité affectant le titulaire du plan, son conjoint ou partenaire de Pacs ou un enfant; situation de surendettement; expiration des droits au chômage ou, pour les man dataires sociaux, absence de contrat de travail ou de mandat social depuis deux ans; cessation d’une activité non salariée à la suite d’un jugement de liquidation judiciaire. En l’absence de choix explicite, la gestion pilotée est le mode de gestion par défaut des PERCO, PER collectif et PER individuel assurance. Elle consiste à réduire progressivement, à mesure que la date de la retraite se rapproche, la part des actifs risqués (actions notamment) au profit d’actifs présentant un niveau de risque plus faible.
Nathalie CHEYSSON-KAPLAN