« Il est temps de développer le conseil sur mesure »
Le 118e Congrès des notaires de France se tiendra à Marseille, du 12 au 14 octobre 2022. Les équipes partageront leurs propositions autour de l’ingénierie notariale. Un thème cher à Thierry Delesalle, son président, qui nous dévoile les coulisses de l’incontournable rendez-vous annuel de la profession.
Pourquoi avoir choisi « l’ingénierie notariale » comme thème de ce 118e Congrès?
Thierry Delesalle : Avec ce Congrès, nous souhaitons mettre l’accent sur le conseil notarial. Il s’agit d’initier un tournant dans la profession, en arrêtant de se focaliser sur les actes. Aujourd’hui, toute notre activité est conditionnée par ce fonctionnement: les logiciels sont conçus pour produire des actes, les collaborateurs sont formés pour cela et l’organisation globale de l’office tourne autour des actes. Or, si l’acte est rémunérateur aujourd’hui, il ne le sera plus forcément demain.
En effet, dans les années à venir, l’émergence de l’intelligence artificielle et les préoccupations écologiques auront nécessairement une incidence sur cette partie de notre activité consacrée à l’immobilier. Il est donc temps de développer le conseil sur mesure – voire haute couture – en engageant un important travail de formation des notaires et de leurs collaborateurs. Le choix du terme « ingénierie » s’inscrit dans cette même logique. Il s’agit de mettre en avant la science juridique du notaire qui construit le droit depuis le Moyen Âge.
Comment avez-vous constitué votre équipe et choisi les quinze membres de ce 118e Congrès?
T. D. : Je connaissais déjà le rapporteur général, Alexandre Thurel, car nous avions eu l’occasion d’échanger sur le projet de « family office ». Il a accepté, avec plaisir, d’intégrer l’équipe du Congrès car le thème l’intéressait particulièrement. Ensuite, nous nous sommes répartis le recrutement des équipes, en respectant un équilibre géographique. Il nous a été plus difficile de respecter la parité car nos consœurs avaient plus de mal à se libérer pour s’engager dans une telle mission durant deux ans. Au final, l’équipe a été constituée en quinze jours. Un temps record!
Les neuf membres des commissions sont des novices en matière de Congrès. C’était une volonté de notre part, afin de favoriser la créativité dans la réalisation des travaux. Parallèlement, avec les trois membres de l’équipe scientifique, nous avons plusieurs Congrès à notre actif, ce qui crée un bon équilibre entre expérience et innovation.
Le 1er Congrès des notaires de France s’est tenu en 1881, ce qui en fait le plus ancien congrès professionnel d’Europe.
Pourquoi Marseille comme lieu du Congrès ?
T. D. : En cette période post-pandémie, nous attendons entre 3 ooo et 4 ooo personnes, congressistes et exposants. Marseille dispose de toutes les infrastructures pour accueillir, dans les meilleures conditions, l’ensemble de la manifestation du mercredi au vendredi. Nous avons choisi cette répartition sur la fin de semaine afin d’inciter nos confrères à assister aux débats jusqu’à la fin et à profiter d’un week-end en famille ensuite afin de découvrir Marseille et ses environs.
Quelles sont les innovations dans l’organisation de ce 118e Congrès?
T. D. : Lors d’un Congrès, il y a quatre temps forts: la formation, la réflexion au travers des débats, la gestion grâce aux produits et services proposés par les exposants et la cohésion avec les différentes soirées et animations.
Nous avons tout d’abord voulu mettre l’accent sur la formation pour répondre à la forte demande de nos confrères et des collaborateurs. Notre objectif était de transmettre aux congressistes toutes les clés des thèmes que nous abordons lors la présentation de nos propositions afin de créer davantage d’interactions au moment des débats. C’est pourquoi, les formations sont organisées le mercredi toute la journée et durant les pauses déjeuner les jours suivants. Ainsi, elles complètent les débats et ne s’y superposent pas. De plus, les formations peuvent être suivies en présentiel ou à distance, et tous les inscrits bénéficieront d’un accès illimité aux vidéos durant un an.
Comment ont été conçus les quatre parcours de formation proposés?
T. D. : Nous avons sollicité les rapporteurs de synthèse des précédents Congrès pour animer ces formations. Ils ont accepté avec enthousiasme, ce qui nous permet de compter parmi nous au moins 34 professeurs d’université largement connus et reconnus dans la profession. Les programmes des formations ont été élaborés, avec eux, sur la base de nos propositions. D’ailleurs, lors de chaque session, un membre de la commission concernée interviendra comme modérateur.
Vous innovez également avec votre rapport?
T. D. : Effectivement, le rapport de 118e Congrès fait 1574 pages. Il n’était donc pas question de l’imprimer intégralement. Ainsi, notre ouvrage est hybride, mi-papier, mi-numérique. En pratique, le rapport comporte une table des matières avec des codes couleur permettant d’identifier la partie papier et la partie numérique. Nous y avons intégré énormément de cas pratiques, afin d’accompagner nos confrères au quotidien dans leurs offices. Par exemple, nous proposons un questionnaire à remettre lors des ventes, notamment pour identifier les éléments d’extranéité. Nous sommes accompagnés, sur ce point, par les SSII pour intégrer ce type d’outil aux logiciels existants.
Par ailleurs, en plus des propositions que nous présenterons lors des assemblées plénières, nous avons choisi de conserver toutes les autres idées, plus techniques, qui sont généralement mises de côté à l’issue des travaux. L’ensemble de ces avancées, qui ne seront pas débattues, fera l’objet de recommandations transmises au CSN pour être ensuite portées auprès des pouvoirs publics.
Propos recueillis par Barbara Bénichou