Loger son enfant à titre gracieux, les précautions

3 questions à Bénédicte Serrand-Marie, notaire

23 août 2022

SERRAND-MARIE-Bénédicte
Des parents peuvent-ils mettre gratuitement un logement à la disposition de leur enfant ?

Bénédicte Serrand-Marie : Bien qu’il n’existe aucun obstacle légal à ce type d’occupation, elle constitue un avantage pour l’enfant gracieusement logé, dans la mesure où il ne débourse aucun loyer pour se loger. Au décès des parents, ses frères et sœurs pourraient demander qu’il en soit tenu compte dans la succession afin de respecter l’égalité entre les enfants. Or, les parents n’ont pas nécessairement entendu faire une donation. Ils ont pu simplement vouloir aider leur enfant dans le besoin, comme la loi les y oblige en cas de ressources insuffisantes.

Quelles sont les précautions à prendre ?

B. S.-M. : Il est plus prudent de s’adresser à un notaire, notamment pour éviter toute erreur de formulation susceptible de remettre en cause la volonté des parents. Si ces derniers ont souhaité faciliter la vie de leur enfant sans qu’il y ait d’incidence sur la succession, il conviendra d’établir une convention de « prêt à usage ». Le prêt n’est pas une libéralité et ne donne pas lieu au rapport successoral. Il peut d’ailleurs en être de même pour une donation, notamment une donation temporaire d’usufruit. Les parents peuvent prévoir expressément que celle-ci sera dispensée du rapport.

N’est-il pas plus simple de louer, à bas prix, le logement à son enfant ?

B. S.-M. : Attention, si les parents abritent leur enfant contre un loyer très bas, ils s’exposent à un redressement fiscal. L’administration est en droit de leur réclamer l’impôt dû pour un loyer correspondant au prix du marché. La
différence entre ce dernier et le montant versé par l’enfant risque en outre d’être considérée comme une libéralité rapportable à la succession…

Propos recueillis par Ariane Boone